Une crise d’asthme survient paroxystiquement et perturbe rapidement la capacité respiratoire du patient. La durée varie de quelques minutes à plusieurs heures selon les circonstances et la réponse au traitement.
Reconnaître les signes de gravité conditionne les gestes d’urgence et l’orientation vers les soins adaptés. Ces repères cliniques rapides permettent d’identifier les signes à observer immédiatement.
A retenir :
- Essoufflement majeur avec incapacité à terminer une phrase
- Saturation en oxygène basse selon l’âge et signes de cyanose
- Absence d’amélioration après inhalation de salbutamol et Poush
- Agitation excessive sueurs profuses pâleur ou somnolence marquée
Signes d’alerte immédiats et évaluation clinique de la crise d’asthme
Après l’observation rapide des signes, l’évaluation clinique précise oriente la décision médicale et les premiers soins. Il faut vérifier la parole, la fréquence respiratoire, la fréquence cardiaque et la saturation pour estimer la gravité.
Selon Médecins Sans Frontières, ces critères cliniques restent essentiels pour trier les patients en urgence. Selon Ameli, une SpO2 inférieure à 90% chez l’adulte signale un risque sérieux nécessitant oxygénothérapie.
Voici un tableau récapitulatif des seuils cliniques utiles pour l’évaluation immédiate en consultation ou aux urgences. Ces valeurs proviennent des recommandations cliniques consolidées et des protocoles hospitaliers.
Critère
Crise légère/modérée
Crise sévère
Parole
Capable de faire des phrases complètes
Incapable de finir une phrase ou trop essoufflé
Fréquence respiratoire (FR)
Adultes ≤ 30/min, enfant 2‑5 ≤ 40/min
FR très élevée selon l’âge au‑dessus des seuils
Fréquence cardiaque (FC)
Adultes ≤ 120/min, enfants selon âge
FC très élevée au‑dessus des seuils d’âge
SpO2
≥ 90% (≥ 92% enfant 2‑5 ans)
< 90% (< 92% enfant 2‑5 ans)
Critères cliniques immédiats:
- Observation de la capacité à parler et de la conscience
- Mesure de la SpO2 avec un oxymètre portable
- Évaluation de la FR et de la FC manuellement
- Recherche de cyanose ou de silence auscultatoire
Évaluation respiratoire et paramètres vitaux
Ce point présente le lien direct entre les signes observés et la prise de décision thérapeutique. Mesurer la SpO2, écouter la respiration et compter la FR permettent d’orienter vers traitement ambulatoire ou hospitalier.
Selon Doctissimo, l’usage de moniteurs simples comme le spiromètre ou les moniteurs de débit de pointe améliore le suivi ambulatoire. L’utilisation des moniteurs de débit de pointe aide aussi à détecter une détérioration silencieuse.
« J’ai compris la gravité quand je ne pouvais plus finir une phrase après trois pas de marche. »
Claire D.
Signes neurologiques et d’épuisement
Cette section explique pourquoi l’altération de la conscience ou l’épuisement imposent une hospitalisation urgente. L’apparition de confusion, somnolence ou coma nécessite une prise en charge en soins intensifs.
En pratique, l’observation de sueurs froides, cyanose des extrémités ou silence auscultatoire sont des drapeaux rouges. Ces éléments orientent ensuite vers les gestes d’urgence et l’administration d’oxygène.
Gestes d’urgence immédiats et médicaments de secours
Face aux signes de gravité, les gestes d’urgence visent à restaurer le débit aérien et l’oxygénation rapidement. Il est essentiel d’administrer les bronchodilatateurs et les corticoïdes selon le tableau clinique et l’âge du patient.
Selon MSF, le salbutamol en aérosol-doseur ou en nébulisation constitue le premier traitement pour la majorité des crises. Selon Ameli, l’oxygénothérapie cible une SpO2 entre 94 et 98% chez l’adulte en crise sévère.
Administration médicamenteuse urgente:
- Salbutamol en aérosol-doseur 2 à 10 bouffées selon réponse
- Utilisation d’une chambre d’inhalation pour améliorer l’efficacité
- Prednisolone orale 1 à 2 mg/kg (max 50 mg) si indiqué
- Oxygène pour maintenir la SpO2 cible en crise sévère
Âge
Salbutamol nébulisé
Ipratropium
Fréquence initiale
Enfant <5 ans
2,5 mg
0,25 mg
Toutes les 20 minutes première heure
Enfant 5‑11 ans
2,5–5 mg
0,5 mg
Toutes les 20 minutes première heure
Adolescent/adulte
5 mg
0,5 mg
Toutes les 20 minutes première heure
Alternative aérosol
2 à 10 bouffées
4 à 8 bouffées
Toutes les 20 minutes si nébuliseur absent
Traitement bronchodilatateur et oxygénothérapie
Ce volet explique l’usage combiné du salbutamol et de l’oxygénothérapie selon la sévérité constatée. L’aérosol-doseur avec chambre d’inhalation améliore la délivrance, surtout chez l’enfant et les patients mal coordonnés.
En l’absence d’amélioration, il faut passer à la nébulisation saline avec ipratropium et envisager l’hospitalisation. Une attention particulière est requise pour les femmes enceintes, car l’oxygénothérapie protège aussi le fœtus.
« J’ai utilisé la Ventoline en aérosol avec chambre d’inhalation et j’ai retrouvé ma respiration en minutes. »
Marc N.
Conduite en cas d’absence d’amélioration
Ce point détaille les critères qui imposent une hospitalisation et des soins intensifs. L’absence d’amélioration après bronchodilatateurs et la chute de SpO2 nécessitent un transfert urgent en milieu hospitalier.
Si la détérioration se manifeste, les équipes doivent poursuivre la nébulisation et administrer des corticoïdes intraveineux si l’oral n’est pas possible. Le recours au SAMU doit être immédiat en cas de signes menaçants.
Suivi, prévention et outils pour éviter les récidives
Après une crise maîtrisée, le suivi vise à prévenir de nouveaux épisodes et adapter le traitement de fond. L’observance des corticoïdes inhalés et du plan d’action personnel réduit significativement les exacerbations récurrentes.
Selon Ameli, le traitement de fond inclut souvent des corticoïdes inhalés comme le Flixotide ou des associations type Seretide. L’éducation au bon usage de l’aérosol et la vérification par spiromètre renforcent l’efficacité du suivi.
Matériel d’autosurveillance recommandé:
- Moniteurs de débit de pointe pour mesurer l’obstruction
- Spiromètre en cabinet pour suivi spirométrique régulier
- Chambre d’inhalation pour enseignement et secours efficace
- AllergoBox pour identifier et réduire les expositions allergiques
Traitement de fond et contrôles réguliers
Ce passage justifie l’importance des contrôles pneumologiques réguliers et de l’ajustement thérapeutique. Le pneumologue peut proposer un spiromètre et décider d’associer un bronchodilatateur d’action prolongée si nécessaire.
L’utilisation de Flixotide, Seretide ou autres inhalateurs de référence doit être adaptée au phénotype et à l’adhésion du patient. Un plan écrit et un suivi rapproché réduisent le risque d’hospitalisation.
« Mon pneumologue m’a appris à utiliser le spiromètre et depuis j’évite les crises nocturnes. »
Élodie P.
Conseils pratiques et situations particulières
Cette section aborde la prévention à domicile, les voyages et la gestion de l’asthme nocturne liée aux acariens. L’entretien de la literie et la limitation des allergènes réduisent significativement les réveils nocturnes.
Mesures pratiques à domicile:
- Aérer tôt le matin ou le soir pendant la saison pollinique
- Nettoyage régulier des draps pour réduire les acariens
- Éviter l’exposition aux fumées et à la pollution domestique
- Conserver toujours un aérosol de secours comme la Ventoline
« À la pharmacie on m’a conseillé une AllergoBox pour identifier mes déclencheurs allergiques. »
Paul N.
Une vidéo pratique permet de revoir le geste et la coordination nécessaire avec la chambre d’inhalation. Regarder une démonstration aide souvent à corriger un mauvais usage et à améliorer l’efficacité du traitement.
Les ressources vidéo complètent l’éducation et s’intègrent dans le plan personnalisé de suivi et prévention. L’apprentissage visuel facilite l’autonomie et la reconnaissance rapide des signes d’alerte.
Source : « Asthme aigu (crise d’asthme) », Médecins Sans Frontières, Juin 2023 ; « Crise d’asthme, exacerbation, asthme aigu grave », Ameli, 2023 ; « Crise d’asthme : les gestes d’urgence », Doctissimo, 2022.